Jeudi
5 Mai 2016
Dans
un billet précédent* nous avions présenté une étude qui montrait le rôle
majeur d’un acarien le varroa (Varroa
destructor) dans la transmission du virus des ailes déformées contributeur
essentiel de la destruction hivernale des ruches d’abeilles. Nous faisons état, aujourd’hui, d’une nouvelle contribution** qui précise l’origine de cette
infection et les modalités de sa dispersion.
Les
auteurs de cette étude rappellent d’abord que bien que plusieurs facteurs tels
que l’intensification de l’agriculture ou l’usage des pesticides aient été
impliqués dans la mortalité des pollinisateurs,
le virus à ARN transmis par le Varroa destructor, a le potentiel d’être
l’agent le plus efficace de la destruction des colonies d’abeilles. Le varroa
infestait l’abeille asiatique Apis cerana,
il est maintenant présent sur presque toute la planète et parasite tout autant
notre abeille Apis mellifera. Cet
acarien concentre et multiplie le virus dans son tube digestif et peut
l’injecter directement dans l’hémolymphe de l’abeille. En plus d’être vecteur,
il accroît la virulence du parasite. Les
questions qui se posent sont les suivantes : quelle route a suivi le virus
pour se disperser sur toute la planète ? Pourquoi le virus est devenu
si agressif ?
A
partir d’une analyse phylogéographique (32 sources du virus prises dans de 17
pays) les auteurs arrivent aux conclusions suivantes :
-
La pandémie provoquée par le virus chez les
abeilles est récente. Celui-ci, qui était présent de façon endémique chez
l’abeille Européenne A. mellifera, a
été répandu par le varroa qui s’est comporté comme un nouveau vecteur.
L’acarien originaire d’Asie a été contaminé par l’abeille Européenne à la suite
d’échanges de ruches d’Europe vers l’Asie ; toujours par des échanges de
ruches mais en sens contraire, l’acarien a envahi dès le début du siècle
dernier toute l’Europe et l’Amérique amenant avec lui un virus plus agressif.
En définitive la pandémie virale est le résultat d’une activité humaine mal
contrôlée.
-
Le génome du virus est instable et présente
des recombinaisons fréquentes, la réémergence du virus tiendrait à la sélection
de certaines d’entre elles au cours de l’immigration du varroa.
Les
auteurs concluent à la nécessité d’un contrôle des échanges de ruches inter
frontaliers et à la nécessité de préserver de toute contamination les zones refuges où des pollinisateurs sains (le
virus attaque d’autres pollinisateurs que l’abeille) sont encore présents.
*Voir « L’abeille et l’acarien » rubrique
« biologie »
**L. Wilfert et al. Science, 5 février 2016, N°6273, pp.594-597.
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