Vendredi 5 Décembre 2025
L’expérimentation évaluait une prédation oiseau-papillon. Pour cela les expérimentateurs ont utilisé des cibles colorées en papier analogues à des papillons de nuit ; la couleur de camouflage de ces appâts était marron comme les troncs d’arbres sur lesquels ils seraient fixés, les couleurs testant l’effet aposématique étaient : un fond orange avec bandes noires (effet typique), et un fond vert avec bandes noires (effet atypique) ; ces deux alternatives afin de de s’assurer qu’une prédation plus importante chez la cible typique ne s’expliquait pas par sa couleur plus visible ou parce que répandue chez les lépidoptères au sein des communautés de proies. Les cibles colorées étaient épinglées sur des troncs d’arbres avec un ver de farine « accompagnement de récompense » dont la consommation était contrôlée car indiquant une prédation. L’expérience a été répartie sur 21 forêts réparties sur 6 continents 720 appâts artificiels ont été fixés sur chaque site.
Les principales
conclusions de cette étude sont les suivantes :
- La prédation n’est pas plus forte aux basses latitudes
(équateur), elle n’est pas non plus réduite, à ces latitudes, face à une
stratégie aposématique.
- Dans les lieux où la prédation est intense, les risques de
prédation augmentent tout le long de l’expérience, plus lentement pour les
appâts aposématiques typiques (orange à bande noire), plus forte pour les
couleurs atypiques (fond vert à bandes noires) ou de camouflage (marron). C’est donc que les
stratégies d’aposématisme atypique et de camouflage perdent leur efficacité. Cela
suppose que les prédateurs n’ont pas eu le temps de se former à une nouvelle
stratégie aposématique atypique et que la stratégie de camouflage perd son
avantage à mesure que les prédateurs acquièrent de l’expérience avec la
communauté de proies locales.
- Dans les zones où les proies aux couleurs aposématique typiques sont très nombreuses, les risques de prédation sur ces cibles sont plus faibles que pour les cibles aposématiques atypiques ou de camouflage. La familiarité avec le signal d’avertissement diminue ainsi le risque de prédation par sa généralisation en contrepartie les prédateurs attaquent davantage les autres cibles par besoin de nourriture.
- Les risques de prédation augmentent au cours de l’expérience si les proies camouflées sont plus nombreuses. Une forte abondance de ces proies réduit l’efficacité du camouflage.
- Un éclairage plus intense augmente la prédation pour tous
les traitements.
- Les
stratégies de camouflage perdent de leur efficacité une fois que les prédateurs
ont appris à identifier leur proie en milieu faiblement éclairé.
En définitive l’analyse du comportement du prédateur, devant une proie « déguisée » en quelque sorte, est assez complexe. Si la prédation est intense quel que soit le déguisement les risques pour la proie augmentent lentement avec le temps, l’apprentissage du prédateur est lent à s’établir. Là où les proies sont en grand nombre, l’apprentissage du prédateur pour le déguisement est plus rapide, les risques deviennent très vite élevés pour la proie. Enfin un fort éclairage est toujours néfaste quel que soit le déguisement.
*Iliana Medina et al. Science 25 septembre 2025, pp. 1336-1340
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