D'où vient notre nourriture ?

 Mercredi 5 Février 2025


Vous êtes-vous interrogés sur l’origine des produits que nous mangeons ? Peut-être un peu, mais il n’est pas facile de répondre à cette question car, pour les produits transformés, on ignore tout de ce qu’a utilisé le transformateur et pour les produits non transformés : fruits, légumes, viande, si en faisant son marché la cuisinière peut voir, à l’affichage, d’où viennent les fruits ou les légumes, elle n’aura que peu d’informations sur l’origine de la viande. En fait on ne s’intéresse pas à ces questions ; on ne s’y intéresse qu’en cas de pénurie, ou quand leur coût devient excessif.

Une étude* récente mérite ici d’être résumée, car elle nous éclaire sur l’importance du commerce mondial des produits alimentaires, de l’intérêt de ce commerce et des risques qui y sont liés.

Il y a 10 ans déjà, 80 % de pays étaient importateurs de nourriture ; cela pouvait être des compléments à leur production ou l’achat d’aliments qu’ils ne produisaient pas du fait de leur position géographique. Les pays arides comme ceux d’Afrique du Nord et du Moyen Orient sont les plus dépendants de l’importation pour les produits de première nécessité (céréales notamment), l’Arabie Saoudite et les petits états de la péninsule arabique importent 90% de leur nourriture. En 2050 plus de la moitié de la population mondiale dépendra d’une nourriture produite ailleurs.

La croissance des échanges de produits agricoles a eu des aspects positifs. Elle a permis aux pays producteurs de faire d’énormes bénéfices ; de créer de nouveaux emplois et de développer les exportations. Les pays qui souffrent de conditions climatiques extrêmes ont pu s’assurer une alimentation régulière. Enfin elle a complémenté et agrémenté notre alimentation par l’importation de produits de climats différents ou de l’autre hémisphère.

Environ un quart de la nourriture produite au niveau mondial est commercialisée sur des  marchés internationaux et 9 nations (dont la France 8ème) fournissent l’essentiel de ces produits notamment le blé, le maïs, le riz, et le soja. Cette croissance, qui devrait se poursuivre, tient à la création en 1993 de l’Organisation Mondiale du Commerce (WTO) entraînant un abaissement des barrières commerciales (suppression des droits de douane, baisse des tarifs)  et de l’entrée en 2001 de la Chine dans cette organisation car elle est le plus gros importateur mondial de produits alimentaires notamment du Brésil, de l’Argentine, du Canada et des USA. Les 9 grands pays producteurs ont à la fois des conditions climatiques, de milieu, et une efficacité de production qui leur permet d’avoir des surplus. Ceci est une bonne chose mais elle a aussi son revers : dès que se présente un problème de production toute la planète sera affectée. Ils ont tendance aussi à augmenter leur production pour suivre la demande et donc accroître les surfaces emblavées au détriment de leur milieu naturel.

Ces échanges alimentaires entraînent, du fait de transports lointains, des émissions de gaz à effets de serre importants. Il est bien entendu que la production agricole la plus souhaitable doit se faire près du lieu de consommation.

Les auteurs de l’article émettent une idée intéressante : chaque pays devrait établir son Index de Vulnérabilité basé sur sa production et sa demandeCet Index devrait permettre d’orienter leur productions agricoles de façon à mieux faire face à l’évolution de leurs besoins et aux chocs des marchés.

 

*Joel K. Bourne, Jr. Science, 29 novembre 2024, N° 6725, pp. 958-967

                                




Les questions environnementales vous intéressent-elles ? Vous pouvez enrichir vos connaissances et acquérir une vision globale de ces problèmes en lisant mon dernier livre : « Environnement, l’Hypothèque Démographique ».



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire