Mercredi
5 Décembre 2018
Les
arbres jouent un rôle majeur dans la photosynthèse qui prélève le CO2 de l’air
et le stocke dans le bois, fournit de l’oxygène nécessaire à la respiration,
enfin fabrique des sucres sources d’énergie chimique dont a besoin tout le
monde vivant. Ainsi lorsque la déforestation touche la forêt Amazonienne on parle
de la destruction de notre « poumon vert ». En réalité on a peu de
données sur ce sujet fondamental. Nous allons donc parler des différents types
de déforestations, de leur part respective et de leur localisation à partir de
données satellitaires (Sentinel 2 de l’ESA) analysées par des chercheurs* de 2001 à 2015.
Cette
étude s’est étalée sur 15 années ; elle a classifié près de 5000
échantillons d’images satellitaires. Grâce à sa durée elle a permis de prédire
les causes des perturbations de la forêt
sur tout un réseau de cellules de 100 km2 autour de la terre
depuis l’an 2000. Cinq catégories de perturbations dominantes ont été
définies :
1)
déforestation par commodité : la forêt ou le couvert buissonnant sont affectés,
sur le long terme, à une destination non forestière qui peut-être agricole (notamment
des plantations de palmier à huile), minière ou à des infrastructures
énergétiques ;
2)
déforestation temporaire : une petite surface forestière est transformée
temporairement pour la production vivrière ;
3)
sylviculture : la forêt est traitée comme un moyen de production
après une coupe on pourvoit à sa reconstitution;
4)
incendie ;
5)
urbanisation.
Durant
cette période, la déforestation par commodité (celle qui élimine la forêt et la
remplace par une activité utile à l’homme) représente 27 % de tout ce qui peut perturber
le couvert forestier mondial. Elle correspond à 5 millions d’hectares de forêt
par an et son niveau n’a que peu varié pendant les 15 années de l’étude. Les
zones affectées par ces déforestations sont l’Amérique du sud (forêt
Amazonienne), l’Asie du Sud Est (Indonésie, Thaïlande) où la forêt primitive
est souvent remplacée par le palmier à huile.
La déforestation temporaire suivie d’une culture vivrière puis retour à la forêt, représente 24% des déforestations ; Elle se pratique en zone tropicale par des populations villageoises traditionnelles.
La
sylviculture représente 26 % des perturbations forestières ; les coupes
d’arbres sont programmées et l’espace libéré sera, soit replanté en forêt, soit
la forêt se reconstituera naturellement (cas notamment des taillis). La
sylviculture concerne les forêts tempérées et boréales elle fournit le bois
pour l’industrie et le chauffage.
Les
incendies sont importants en Amérique du Nord et en Russie ils représentent 23%
des perturbations de la forêt.
0,6%
des déboisements sont attribuables à l’urbanisation. On les trouve à l’est des
Etats Unis, en Chine, au Brésil en Indonésie et en Australie. En Afrique
sub-saharienne on constate l’expansion d’une urbanisation de faible densité qui
contribue au déboisement.
Cette
étude montre que la déforestation par commodité reste le moyen le plus répandu
de perte de la forêt ; il dépasse en intensité les surfaces traitées en
sylviculture ce qui en souligne l’importance. Nous sommes loin du zéro de
déforestation que l’on aurait pu croire atteint ; les contraintes prises
par les Etats pour protéger leurs forêts naturelles restent peu efficaces.
*P.
G. Curtis et al. Science, 14 septembre
2018, N° 6407, pp.1108-1111.
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