Jeudi
5 Juillet 2018
Devant
la perte de biodiversité liée à l’activité humaine (appelée quelquefois 6ème
extinction anthropogénique) il avait été décidé de réserver des espaces où
cette activité serait limitée ; ainsi depuis le sommet de Rio en 1992,
202 000 aires protégées couvrant 14,7% de la surface de la terre ont été
délimitées. La « IIe cible pour la biodiversité d’Aichi »
au Japon préconise, avant 2020, l’extension à 17 % des aires effectivement
traitées comme représentatives d’aires biologiquement protégées.
Ces
aires sont classées en fonction du niveau d’intervention humaine qui y est
permis. Cela va de la stricte conservation de la biodiversité : catégories
I et II (par exemple le cœur de nos parc nationaux est classé en zone II), aux
aires où l’activité humaine est permise ainsi que l’utilisation modérées des
ressources qui s’y trouvent : catégories III à VI (la plupart de nos parcs
régionaux entrent dans ces catégories).
Quelle
est la réalité de la pression humaine dans ces aires protégées ? Des
chercheurs*ont utilisé la carte mondiale de l’empreinte humaine pour quantifier
l’étendue et la pression humaine à l’intérieur des aires protégées. Cette carte
a une précision de 1km2 ; l’empreinte humaine intègre huit
caractéristiques de la pression humaine sur l’environnement : la surface
de l’habitat, la densité de la population, la durée de l’éclairage nocturne,
les surfaces cultivées, les surfaces utilisées en pâturage, les routes, les
voies ferrées, les voies navigables. Chacune de ces caractéristiques est
affectée d’une note de 0 à 10 (je n’entrerai pas dans le détail de la manière
dont la note est calculée) la somme de toutes ces notes donne la valeur de
l’empreinte humaine au km2. Ces données sont transformées en
intensité de coloration sur un planisphère.
Une
empreinte humaine inférieure à 4 indique un espace majoritairement libre de
toute structure permanente mais peut contenir une population humaine dispersée.
Un score de 4 (équivalent à des pâturages) est considéré comme un seuil
raisonnable ; au-delà de 4 on estime qu’il sévit dans la zone une intense
activité humaine. Pour analyser la relation entre une aire protégée et la
pression humaine, les chercheurs ont calculé, à partir de la carte de
l’empreinte humaine mondiale, la moyenne de l’empreinte humaine dans chaque
aire protégée et la proportion de chaque aire protégée sous intense pression
humaine.
La
moyenne de la pression humaine à l’intérieur des aires protégées est de 3,3
alors que la moyenne globale est de 6,16. Cependant si 42% des aires protégées
sont indemnes d’activité humaine, 32,8 % sont sous intense activité humaine.
Les aires protégées de petite taille sont plus affectées que les aires de
grande taille, néanmoins plusieurs petites aires contiennent une faible
pression humaine fournissant de l’habitat dans des zones fortement perturbées.
Depuis
le sommet de Rio, la pression humaine s’est accrue de 9% sur l’ensemble de la
planète et de 6% à l’intérieur des aires protégées. Ce sont les aires protégées
les plus anciennes (avant 1993) qui ont été le plus affectées (accroissement de
10%) ; les aires créées après le sommet de Rio sont soumises à une
pression marginale moindre.
Bien
que les aires protégées soient soumises plus ou moins intensément à la pression
humaine, les auteurs reconnaissent que ces aires constituent un progrès pour la
conservation de la diversité biologique et qu’il faut non seulement en
accroître la surface mais aussi être plus strict concernant leur sauvegarde ou
restaurer celles qui sont trop dégradées.
*K.
R. Jones et al. Science, 18 mai
2018, N°6390, pp.788-791.
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