Lundi 4 juillet 2016
Dans une forêt les végétaux sont en compétition :
dans le sol ils se disputent l’eau et les nutriments : Azote, Phosphore,
potassium et les microéléments; dans l’air ils se concurrencent pour la lumière
(les gaz CO2 et O2 étant très abondants cette compétition ne les concerne que
peu ou pas). Mais y-a-t-il des cas de coopération ? Jusqu’ici cela
paraissait peu vraisemblable tant la lutte pour la vie domine les espèces
vivantes, cependant un article d’une équipe de chercheurs Suisses* apporte un
démenti à cette vision stricte.
Les racines des arbres sont souvent colonisées par des
mycéliums de champignons avec lesquels elles réalisent des échanges nutritifs ;
il s’agit de comportements symbiotiques : l’arbre reçoit du champignon des
nutriments, le champignon reçoit de l’arbre des substances énergétiques
carbonées (sucres) qui proviennent de la photosynthèse. On distingue les
champignons dont le mycélium superficiel peut simultanément recouvrir les
racines d’arbres de plusieurs espèces différentes, on parle d’ectomycorhise,
celle-ci n’est donc pas une symbiose stricte, elle diffère de l’endomycorhise
chez laquelle le mycélium envoie des suçoirs à l’intérieur du parenchyme
cellulaire de la racine ; celle-ci est stricte, elle ne peut pas relier
des espèces d’arbres différentes. Les observations qui ont été faites
concernent la symbiose ectomycorhisienne.
Les chercheurs ont alimenté continuellement des pointes
de rameaux prises dans la canopée de 5 épicéas avec un mélange de CO2 dans
lequel deux isotopes du carbone étaient présents : l’isotope 14 et
l’isotope 13 mais ce dernier étant en quantités inférieures à la normale. Ce
mélange va ainsi marquer tous les organes ayant reçu des molécules carbonées
issues de la photosynthèse. Cinq épicéas non marqués constituaient les témoins.
La présence de l’isotope 13 déficitaire a permis de suivre le trajet du carbone
aussi bien dans l’arbre marqué que dans les arbres voisins et dans les carpophores
des champignons ectomycorhisiens qui colonisent les racines de ces arbres.
Le marquage isotopique ainsi réalisé a montré que les
substances carbonées se retrouvent dans les racines des arbres marqués mais aussi,
de manière inattendue, qu’elles sont présentes dans les arbres voisins de la
même espèce ainsi que dans des arbres voisins d’espèces différentes (ce qui
exclue donc le passage par des greffes racinaires) ; enfin les mycéliums
et les carpophores des champignons ectomycorhisiens présents sur les racines
sont positifs au marquage isotopique.
Les auteurs suggèrent que les substances carbonées issues
de la photosynthèse des épicéas marqués non seulement sont stockées dans les
racines de l’arbre qui les produit, mais qu’elles sont distribuées, grâce aux
mycorhises qui se comportent comme des tuyaux distributifs, à des arbres du
voisinage déficients en sucres. La compétition est de ce fait remplacée par de
la coopération.
T. Klein et al. Science, 15 avril 2016, N° 6283,
pp.342-344.
Les questions environnementales vous intéressent-elles ? Vous pouvez enrichir vos connaissances et acquérir une vision globale de ces problèmes en lisant mon dernier livre : « Environnement, l’Hypothèque Démographique ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire