La revue Science du 2 août dernier a consacré une
section spéciale aux effets des changements climatiques sur les milieux
naturels. Si la majorité de ces articles est réservée à des spécialistes, il en
est toutefois un qui nous concerne au plus haut point, c’est celui relatif aux
impacts des changements climatiques sur la sécurité alimentaire*. Je vais en
extraire les principales informations.
Qu’entend-on par sécurité alimentaire ? Selon la FAO il ne s’agit pas seulement
de la disponibilité de nourriture en quantité et qualité suffisantes, mais
aussi : de l’accès individuel à des revenus qui permettent d’acquérir la
nourriture ; de l’utilisation des aliments en régime diététique équilibré ;
de la disponibilité d’eau potable et de conditions sanitaires
satisfaisantes ; enfin une stabilité dans le temps de toutes ces
ressources. Si un milliard d’êtres humains est encore en sous nutrition, on
peut estimer à deux milliards ceux qui ne remplissent pas la définition donnée
par la FAO.
L’article rappelle l’évidence des changements
climatiques survenus depuis la fin du 19ème siècle : la
température a augmenté de 0,8°C
du fait de l’activité humaine à la suite des émissions de gaz à effet de serre
- les niveaux de CO2 dans l’atmosphère sont passés de 284 ppm (parties par
millions) en 1832 à 397 ppm en 2013 – le climat s’est réchauffé, la
pluviométrie s’est modifiée, la sévérité des excès climatiques s’est accrue. A
la fin de ce siècle le réchauffement pourrait atteindre de 1,8°C à 4,0°C
En ce qui concerne la disponibilité en nourriture,
les diverses simulations qui ont été faites, montrent que les baisses de
rendements consécutives aux changements climatiques sont plus fortes dans les
aires tropicales que dans les hautes latitudes ce qui coïncide malheureusement
avec les pays qui souffrent déjà de déficits alimentaires. Ainsi, si l’on
s’intéresse aux principales espèces cultivées, les plus grands changements affectent
l’Afrique et le sud de l’Asie. Les pertes de rendements dans toute l’Afrique
seraient de 17% pour le blé, 5% pour le maïs, 15% pour le sorgo, 10% pour le
millet ; pour le sud de l’Asie, les pertes de rendements seraient de 16%
pour le maïs, 11% pour le sorgo mais il n’y aurait pas de modifications pour
les rendements du riz.
Si l’on s’intéresse à l’Europe, dans une simulation
portant sur les rendements de 11 espèces majeures donnée par la Banque Mondiale
pour 2050, la France,
l’Espagne et la Grèce
verraient des pertes de rendements de 10% alors que l’Angleterre, l’Allemagne
et les pays Scandinaves verraient leur rendements en augmentation de 10%
environ.
Les prévisions sont plus difficiles concernant les
autres composantes de la sécurité alimentaire. Pour l’accessibilité à la
nourriture, des rendements simulés ont été utilisés pour faire des prévisions sur
l’impact des changements climatiques sur les prix, les revenus et le commerce à
l’échelle macroscopique, mais la faiblesse de cette approche est qu’elle ne
tient pas compte des facultés d’adaptation locales. En ce qui concerne
l’utilisation de la nourriture, le changement climatique aura évidemment des
incidences sur la qualité des aliments, accroîtra leur prix de revient du fait
des mesures qu’il faudra prendre pour éviter leur contamination pendant le
stockage. Enfin le changement climatique
risque d’affecter la stabilité de l’ensemble du
système alimentaire devenant un important déterminant des prix. Ces
assertions sont logiques mais, selon les auteurs de l’étude, des recherches
nouvelles seraient nécessaires pour en réduire les incertitudes.
T. Wheeler, J. Von Braun, Science, 2 août 2013, N°
6145, pp 508-513.
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