Lundi 30 juin 2008
Cette synthèse est publiée sur mon blog en 5 parties : avant Darwin, Darwin, après Darwin, les apports récents, théorie de l’évolution et société.
La partie historique doit beaucoup au livre de Stephen Jay Gould : La structure de la théorie de l’évolution (Gallimard 2000) que je conseille de lire à ceux qui s’intéressent à cette théorie.
I ) Avant Darwin
1.1 Les créationnistes.
Pour eux, l’apparition des êtres vivants complètement formés est la seule alternative de l’histoire ; cette création (dans le monde occidental) est de nature divine et les biologistes pré-darwiniens adoptent la théologie naturelle c’est-à-dire que le fonctionnement de la nature ne fait que démontrer l’existence de dieu et peut révéler ses dispositions. Deux théologiens importants ont développé cette conception : Paley (1743-1805) et Agassiz (1807-1873).
William Paley dans "Natural Theology" (1802) considère que nous devrions être en mesure d’apercevoir d’importants aspects de la nature et des dispositions de dieu en examinant de près les œuvres qu’il a créées. C’est à lui que l’on doit la métaphore célèbre de la montre. « Si en vous promenant vous heurtez une pierre vous ne vous interrogerez pas sur son origine car c’est un objet trop simple, mais si vous heurtez une montre, en l’examinant vous en déduirez qu’il y a eu, du fait de sa complexité, un constructeur de cette montre et que ce constructeur avait un dessein, son adaptation à un objectif clairement identifié ».
Les organismes vivant sont nettement plus complexes que n’importe quelle horloge, Paley voit dans les formes d’adaptation de leurs organes le dessein d’un concepteur qui est nécessairement un être supérieur : dieu. En ce sens il plaide en faveur d’une théologie naturelle adaptationiste.
Louis Agassiz dans "Essay on classification" (1857) soutient que « la taxinomie (science des lois de la classification) est la plus élevée des sciences car les espèces représentent les idées que dieu se forme dans son esprit et les organismes réels sont des configurations transitoires incarnant ces idées. Les relations entre espèces, telles qu’elles sont exprimées dans les classifications, révèlent donc la structure de la pensée de Dieu ». Si l’homme est capable de déchiffrer cette taxinomie c’est qu’il est à l’image de dieu bien que ses capacités soient nettement moindres.
Ces deux théologiens introduisent les prémisses de deux thèses qui s’opposeront longtemps en sciences de l’évolution : la thèse fonctionnaliste et la thèse structuraliste.
1.2 Le précurseur Jean-Baptiste de Monet, Chevalier de Lamarck (1744-1829).
Lamarck expose la première fois dans "Philosophie Zoologique" (1809). Un système évolutionniste basé sur deux séries de concepts.
La première série porte sur l’adaptation des organismes. Elle est reliée au milieu, au rythme des changements et à la relation entre le monde physique et biologique au cours du temps. Le milieu change, les organismes doivent donc s’adapter à ces changements et changer aussi. Un organe qui est fortement sollicité va se développer, si au contraire il n’est pas sollicité il va régresser (principe de l’usage et du défaut d’usage) ces modifications sont héréditaires (principe de l’hérédité des caractères acquis). Cette première série de concepts évidemment n’a pas résisté aux développements des connaissances en génétique et fait que l’on s’est beaucoup moqué de Lamarck sur ce que l’on considère (à tort) comme la partie la plus importante de sa théorie.
La deuxième série détermine l’aspect fondamental de la nature qui est l’augmentation de la complexité. Les organismes se rangent selon un ordre taxinomique reflétant une complexification croissante de leur organisation. En quelque sorte ils évoluent vers une complexité de plus en plus grande.
Il y a dans les idées de Lamarck des questions qu’il ne résout que par des pirouettes argumentaires peu scientifiques. Par exemple si tous les organismes n’évoluent pas vers la complexité à la même vitesse c’est qu’il y a une génération continue et spontanée d’espèces au bas de l’échelle (de quelle manière ?), la complexification elle-même est due à des mouvements subtils de liquides dans les organismes ! Quoiqu’il en soit Lamarck s’oppose au fixisme des créationnistes, il introduit l’idée d’évolution. En ce sens il est un précurseur.
Lire la suite du dossier "Darwin et la théorie de l'évolution":
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2 commentaires:
Dans mon article, je montre en passant une idée de Lamarck qui n'a été vue par personne. Lamarck avait compris que l'évolution implique l'abandon de la notion d'espèce : http://kn0l.wordpress.com/lorigine-des-especes-en-tant-que-concept-et-lorigine-du-langage/ Ma chronologie ne se base donc pas sur avant et après Darwin, car Darwin a repris la notion d'espèce telle que l'avaient laissée les fixistes, mais bien sur avant, PENDANT et après LAMARCK, comme vous le verrez
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