Dimanche
5 Avril 2020
L’émission
« Zone interdite » de la chaine M6 du dimanche 1er Mars 2020
était consacrée au salon de l’agriculture. Dans l’une des séquences de cette
émission, il nous a été présenté une culture entièrement artificielle de
fraises. Les plants de fraisiers étaient cultivés dans une enceinte hermétique,
ils recevaient un éclairage artificiel, étaient alimentés par une solution
nutritive et la température ambiante ainsi que l’hygrométrie étaient
parfaitement ajustés en fonction des besoins de la culture. Cet exploit
technique nous était présenté un peu comme le futur de l’agriculture.
Un
tel exploit peut-être séduisant pour les médias qui recherchent les sujets
susceptibles d’épater les téléspectateurs. Ces derniers risquent cependant
d’être abusés car ils n’ont pas de compétence pour juger la vraie valeur de la
technique. Il me semble donc nécessaire d’expliquer qu’elles sont les
faiblesses de ces cultures en containers.
Les
plantes sont d’excellents capteurs du rayonnement solaire, elles transforment
cette énergie électromagnétique en énergie chimique en fabricant, par
photosynthèse, des sucres. Ceux-ci sont distribués dans tout le monde vivant à
travers les écosystèmes et y fournissent l’énergie nécessaire à toutes les
transformations biochimiques. En remplaçant l’éclairage solaire par une lumière artificielle à lampes, les concepteurs de l’appareil se privent d’un
éclairage naturel dont la puissance est inégalée et gratuite, commettant ainsi une
première faute économique grave qui handicape sérieusement le prix de revient des
fruits récoltés.
La
culture artificielle des fraisiers, telle qu’elle est présentée dans les
containers, est une culture hydroponique c’est-à-dire que les racines fixées
sur un substrat inerte (sable par ex.) sont nourries par de l’eau contenant des
sels dissous (des engrais donc). Le fait que les plantes puissent vivre en
puisant uniquement dans le sol de l’eau et des sels minéraux a été découvert par
les deux physiologistes allemands : Whilhelm Knop et Julius von Sachs aux
environs de 1860. Ce mode d’alimentation permet d’ajuster les conditions de
nutrition des plantes et l’on obtient ainsi de fortes productions. Cependant
les fruits obtenus sont très riches en eau, pauvres en sucres et de faible
valeur gustative.
Ces
cultures en containers sont en fait une application des enceintes climatiques
qui avaient été mises au point dans les années 1980 pour étudier les effets des
modifications du climat sur le comportement des plantes mais aussi pour tester
la résistance d’un appareil sous des contraintes climatiques. Leur point faible
est leur dépense énergétique. Il faut en effet évacuer la chaleur émise par
l’éclairage ; il faut réguler la température intérieure quelle que soit la
température extérieure ; il faut, c’est ce qui est le plus difficile,
réguler l’hygrométrie, enfin il faut renouveler l’air de l’enceinte en le
climatisant. Malgré les apparences ces appareils sont complexes et pas toujours
fiables (une panne du fonctionnement de la régulation de l’hygrométrie peut
entraîner la mort par déshydratation de toutes les plantes qu’ils contiennent).
Si l’on ajoute à cela le coût énergétique de leur fabrication on ne peut pas
dire qu’ils vont dans le sens d’une réduction des émissions des gaz à effet de
serre.
En
définitive, cette technique artificielle de culture des plantes, est
particulièrement coûteuse en énergie et d’une fiabilité incertaine si l’on veut
recréer un climat annuel.
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