Jeudi 5 Avril 2018
L’abeille (Apis
mellifera) ou abeille à miel, ou abeille occidentale, est un insecte
précieux car elle nous donne son miel et assure la pollinisation de plusieurs
de nos plantes cultivées. Ces bienfaits ont fait de cette espèce l’équivalent
d’un animal domestique et ainsi, sa multiplication a été amplifiée.
L’homme la multiplie comme agent pollinisateur (en
Californie par exemple des apiculteurs élèvent des petites ruches qui seront
louées pour la pollinisation des vergers d’amandiers) ; il la multiplie
comme agent producteur de miel, déplaçant les ruches en fonction des dates de
floraisons des plantes entomophiles. Cette multiplication entraîne les phénomènes
que l’on rencontre pour toute production intensive : développement parasitaire
associé à une monoculture, intoxication par des pesticides utilisés pour la
défense d’autres espèces. On craint maintenant que la régression de l’abeille
consécutive aux mortalités parasitaires (varoa, virus), à la présence d’un
nouveau prédateur (frelon asiatique) et aux intoxications par les pesticides
(néonicotinides) ne soit fatale à l’espèce et à la production agricole.
Or Il existe plus de 20 000 pollinisateurs
naturels : autres espèces d’abeilles, hyménoptères divers, papillons, et
même vertébrés qui interviennent aussi dans la pollinisation et que l’on oublie
un peu car notre pensée est égoïste ou inculte. La sauvegarde de notre abeille domestique
se fait au détriment de ces pollinisateurs naturels dont la présence est, elle
aussi, en constante régression. Notre crainte de perdre l’abeille nous conduit
à des actions aberrantes comme
l’installation de ruches dans les villes, où dans des espaces naturels pour les
écarter de toute atteinte par les pesticides. Ceci n’est pas une action
environnementale* car, notamment dans le second cas, l’abeille domestique
concurrence les pollinisateurs naturels pour la nourriture. Ainsi, alors que la
mortalité de l’abeille est liée à son état d’espèce utile, la réduction
concomitante des pollinisateurs naturels est entraînée par sa présence
excessive !
Que faudrait–il faire pour empêcher la régression des
pollinisateurs naturels :
-
il faudrait d’abord éviter de cultiver une
espèce agricole à pollinisation entomophile d’un seul bloc sur d’énormes
surfaces (par exemple la culture de l’amandier en Californie) car elle va
nécessiter une pollinisation compensatoire par l’abeille domestique alors que
les pollinisateurs naturels, à besoins spécifiques, ne pourront s’y nourrir.
-
Sur toute culture à pollinisation entomophile
agricole il faut évidemment ne pas faire de traitements insecticides à la
floraison.
-
La transhumance des ruches d’abeilles
domestiques vers des zones naturelles protégées doit être réduite sinon
interdite car l’abeille va concurrencer pour sa nourriture les pollinisateurs naturels
présents sur place.
-
Des études devraient être engagées concernant
l’effet de la présence de l’abeille domestique sur le comportement des autres pollinisateurs.
J.
Goldmann et J.P. Gonzalez-Varo, Science,
26 janvier 2018, N° 6374, pp.392-393
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