Dimanche
7 Janvier 2018
L’urbanisation
de notre planète occupe de plus en plus de place (55% des gens vivent
maintenant dans des villes) et elle ne peut que s’étendre encore puisque la
population humaine continue de croître. L’urbanisation altère l’environnement biotique ;
cette modification du monde vivant en milieu urbain fait de celui-ci un
écosystème nouveau qui fait l’objet de nombreuses études. Je tirerai ici, les
principales idées de mon billet, d’une
étude bibliographique* qui fait le point sur ces recherches.
Les
changements physiques les plus visibles d’un milieu urbain sont
l’imperméabilisation des surfaces, des températures plus élevées, du bruit une
pollution lumineuse et une fragmentation de l’espace ; en ce qui concerne
le monde vivant il y a une diversité spécifique moindre et abondance de
quelques espèces natives. L’urbanisation affecte fortement les possibilités
d’évolution des espèces qui y vivent. Ainsi les milieux urbains se comportent
comme des écosystèmes qui n’ont aucun équivalent avec les écosystèmes naturels
En
général les espèces de grande taille ou susceptibles d’être dangereuses pour
l’homme ont été éliminées. Il n’y subsiste plus que des espèces de petite
taille et des oiseaux.
- Certains mammifères comme la souris et le
rat, pré-adaptés à vivre facultativement de déchets, ont profité du
développement des villes pour se nourrir exclusivement des déchets laissés par
les êtres humains. Ils sont passés ainsi du stade « anthropophile »
au stade « anthropodépendant ».
- Les pigeons domestiqués très tôt comme source
de nourriture, sont devenus vite familiers dans toute l’Europe. Certains
d’entre eux, échappés du contrôle humain, ont fondé des colonies libres dans la
ville où ils ont trouvé habitat et nourriture.
- L’urbanisation a aussi favorisé l’évolution
des parasites du corps humain comme les puces, les poux, les moustiques.
- Des insectes se nourrissant de déchets comme
les larves des mouches, les blattes sont inféodées au milieu urbain.
-
Enfin on y trouve quelques reptiles non
dangereux pour l’homme comme le lézard gris ou la salamandre.
D’une manière générale le milieu urbain est pauvre dans
sa diversité biologique.
Comment évoluent génétiquement ces espèces ?
Le processus d’évolution par mutations en milieu urbain
provient soit de mutations qui préexistaient avant que l’espèce ne s’urbanise (cas
bien connu du papillon qui était devenu plus pigmenté par sélection naturelle
d’une mutation préexistante en zone industrielle poussiéreuse car cette
pigmentation le rendait moins visible à ses prédateurs), soit de mutations
induites par les pollutions urbaines : molécules carcinogènes
atmosphériques, irradiations provoquées par des
d’accidents nucléaires.
Le phénomène de dérive génétique au hasard (random drift)
est très important en milieu urbain ; dans un milieu ouvert et une
population très grande, la fréquence
d’un allèle ne varie pas d’une génération à l’autre en l’absence de sélection
ou de mutations (loi de Hardy Weinberg), en milieu fragmenté les individus
d’une espèce sont en petit nombre et les allèles qu’ils portent ne seront
peut-être pas représentés à la
génération suivante ; c’est, à chaque génération, un tirage au sort des allèles qui seront conservés.
Ainsi des allèles favorables peuvent être éliminés d’une génération à l’autre et
des allèles défavorables maintenus.
Enfin la structure compartimentée d’une zone urbaine
empêche la dispersion des individus et donc des allèles qu’ils portent ce qui
facilite la divergence génétique des groupes d’un compartiment à l’autre. Les
urbanistes devraient en tenir compte en créant par exemple des corridors de
végétation naturelle dans les villes.
Ces spécificités génétiques n’empêchent pas les espèces urbaines de s’adapter à leur
environnement particulier mais elles se différencient des populations
naturelles dont elles proviennent par de nombreux caractères.
*M.T.J. Johnson et al. Science, 3 Novembre 2017, N°6363, pp.607-617.
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