Dimanche
5 Novembre 2017
Certains
pratiquants de l’agriculture biologique préconisent d’associer aux plantes
agricoles des plantes d’autres espèces qui pourraient à la fois attirer vers
elles les parasites mais aussi fournir aux plantes agricoles les éléments
nutritifs dont elles manquent. Ces associations « d’entraide »
seraient plus favorables à la production que les cultures mono-spécifiques.
Y-a-t-il dans cette appréhension de l’agriculture des bases scientifiques
solides ?
Le
détournement parasitaire par une plante piège est une observation superficielle
empirique, elle oublie la spécificité des parasites à leur plante hôte (l’oïdium
de la vigne n’est pas causé par la même espèce qui infeste le rosier par
exemple) et dans le cas où l’espèce parasite serait commune à deux espèces
hôtes ce serait méconnaître aussi les capacités de multiplication des parasites
pour croire qu’ils se cantonneront à l’individu ayant subi la contamination
primaire.
Plus
intéressante est la deuxième assertion qu’une plante agricole peut recevoir une
aide alimentaire d’une autre espèce (non agricole notamment) car elle va me permettre de parler de concurrence
(competition en langue anglaise).
Disons
d’abord que la notion de concurrence n’est pas évidente, la coexistence dans la
nature d’individus de la même espèce ou d’espèces autres est chose courante :
dans une prairie vous voyez, côte à côte, une foule d’herbes appartenant à la
même espèce ou à des espèces différentes, elles ne semblent pas se gêner en
aucune manière. Ce n’est que dans des expériences de laboratoire que l’on mit
d’abord en évidence le rôle joué par la concurrence dans le déterminisme de
l’effectif de deux populations utilisant une ressource commune. D’autres
expériences en milieu naturel ont montré que la présence ou l’absence d’une
espèce dans un milieu donné est déterminée par la compétition interspécifique :
deux espèces ne pouvant coexister sur la même ressource si elle est limitante.
En
fait dès qu’un individu utilise une ressource qui réduit la disponibilité de
celle-ci pour les autres individus, il entre en concurrence avec eux.
-Si les individus appartiennent à la même espèce on
parlera d’une concurrence intra spécifique, c’est précisément le cas de
l’agriculture : la densité d’une
culture va déterminer son rendement ;
dans les zones arides ont réduit la densité des cultures pour diminuer la concurrence
pour l’eau, dans les climats océaniques pluvieux on augmente leur densité pour
réduire la teneur en eau des récoltes (ex. la vigne).
-Si les individus appartiennent à deux espèces
différentes, on parle de concurrence interspécifique ; chaque espèce
contribue à sa propre régulation ainsi qu’à celle de l’espèce compétitrice.
L’issue de la compétition dépend de l’efficacité des individus de chaque
population dans l’exploitation de la ressource ; si la ressource est
limitée, elle va diminuer au cours de sa consommation et l’espèce la plus
dépendante va cesser de croître. Sur le long terme elle sera éliminée par
l’espèce moins dépendante.
Chez
les plantes la concurrence s’exprime de plusieurs manières : la concurrence
par consommation basée sur l’utilisation d’une ressource renouvelable, la concurrence
par préemption basée sur l’occupation de l’espace disponible, la concurrence par
surcroissance (une espèce croît au- dessus d’une autre la privant de lumière
solaire), la concurrence chimique par production de substances toxiques qui se
répartissent dans l’environnement proche de l’émetteur.
L’agriculture
empirique avait bien perçu les risques d’une concurrence entre une espèce cultivée et les
« mauvaises herbes » ; la pratique des sarclages avait pour but
essentiel d’éliminer ces dernières, c’était un gage d’améliorer les rendements.
L’écologie a démontré expérimentalement que la concurrence était elle aussi un
des facteurs de la sélection naturelle.
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