Jeudi 5 Février 2015
Le plus grand organe de notre corps : la peau, fait l’objet
d’une section spéciale dans la revue Science du 21 novembre dernier. Il m’a
semblé intéressant de consacrer ce billet aux travaux de Nina Jablonski
(rapportés par Ann Gibbons*) sur la couleur de la peau.
Qu’est-ce qui fait que la peau des êtres humains varie du noir
intense au blanc laiteux et pourquoi existe-t-il cette variation ?
C’est la mélanine qui est responsable de la couleur de notre
peau ; ce pigment sombre est un « écran solaire naturel » qui
protège du rayonnement solaire. Les époux Jablonski ont montré que la
répartition des couleurs de peau est en relation avec l’intensité des rayons
ultra-violets reçus au niveau du sol ; la couleur de la peau est noire là
où les radiations solaires sont les plus intenses donc dans l’aire
intertropicale, et de plus en plus claire vers les latitudes polaires. Ces
auteurs ont proposé le schéma évolutif suivant : « Comme les
chimpanzés, nos ancêtres africains avaient une peau blanche couverte de
poils ; leur peau a perdu ses poils pour un meilleur refroidissement
par transpiration il y a environ 1,5
millions d’années, elle est alors devenue noire pour une meilleure protection
contre la destruction de l’acide folique (vitamine B9) par les ultra-violets ».
Cette interprétation concernant la destruction de l’acide folique n’est pas acceptée de tous on
pense plutôt que la pigmentation protégerait contre les brûlures du soleil et les
cancers de la peau ; toutefois elle gagne en véracité car on a observé que
des personnes exposées longuement aux ultra-violets (UV) ont moins d’acide folique
dans leur sang que des personnes peu exposées. Par ailleurs les femmes qui, pour
brunir, s’exposent aux UV artificiels donneraient plus souvent naissance, par
manque d’acide folique, à des enfants atteints de spina bifida malformation congénitale résultant de l’absence
de soudure du tube neural.
Les Homo sapiens qui
se sont répandus hors de l’Afrique il y a 60 000 ans se sont adaptés aux
différentes intensités lumineuses qu’ils ont rencontrées au cours de leur pérégrination et
la couleur de leur peau est passée du
noir intertropical au pâle circumpolaire. Cette adaptation consécutive à la
sélection naturelle est génétique et donc irréversible (au moins dans le court
terme) ; la mobilité des êtres humains, rendue possible à l’ère moderne
par la rapidité des transports, fait que notre peau n’est quelquefois pas en
cohérence avec la quantité d’UV qu’elle reçoit : les personnes à peau
blanche vivant près de l’équateur s’exposent aux cancers de la peau et feront
face à un risque plus élevé d’avoir des enfants atteints de spina bifida ;
les personne à peau noire vivant dans des latitudes nordiques risquent des
carences en vitamine D et les problèmes de santé qui y sont associés (maladies
infectieuses, maladies cardiaques, rachitisme).
*Ann Gibbons, Science,
21 novembre 2014, N°6212, pp.934-936.
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