L'abeille et l'acarien


Vendredi 3 août 2012

Les abeilles ont de très nombreux ennemis, mais il en est un dont-on sous estime peut-être l’importance : le Varroa. Cet acarien (minuscule araignée), parasite externe de l’abeille, a entraîné durant ces 50 dernières années la mort de millions de colonies d’abeilles. C’est qu’en fait, en plus de son agressivité, il est vecteur de plusieurs virus à ARN qu’il transmet aux abeilles au cours de son alimentation parasitaire. C’est l’association acarien-virus qui est la cause de la destruction des colonies. Parmi ces virus, l’un d’entre eux d’ailleurs, le virus aux ailes déformées (car l’abeille contaminée présente des déformations alaires), est presque toujours retrouvé dans les colonies infestées par le Varroa.

Quel est le rôle de ce parasite externe de l’abeille sur la présence, la charge et la multiplicité des souches de virus des colonies infectées ? Telle-est la question que se sont posé des chercheurs* pour essayer de mieux évaluer les risques encourus par les ruches lorsque survient une invasion par le Varroa. Cet acarien est-il réellement un moyen d’expansion des virus ?

Pour réaliser cette étude, ils sont allés à Hawaï où l’abeille n’a été introduite qu’assez récemment (1857). L’archipel comporte des iles où le Varroa parasite de l’abeille n’est pas encore présent, des iles en début de contamination et des iles entièrement contaminées. Par des méthodes de biologie moléculaire, ils ont pu établir que dans les iles sans Varroa, le virus n’est présent que de 1 à 13% des ruches dans les ruchers testés mais ce pourcentage passe de 75 à 100% lorsque le Varroa est installé dans l’ile. Par ailleurs la charge en virus est multipliée par un million chez les abeilles portant le virus lorsqu’elles vivent sur les iles contaminées par le Varroa comparée à celle des abeilles contaminées par le virus sur les iles sans Varroa. Enfin, chose plus surprenante encore, la diversité génétique des souches virales diminue en fonction de l’ancienneté de la contamination de l’ile par le Varroa ; ainsi dans l’ile la plus anciennement contaminée on ne détecte plus qu’une souche virale. La présence du Varroa faciliterait la dominance de certaines souches qui auraient un meilleur avantage compétitif.

Les populations de Varroa sont contrôlées par des applications d’acaricides mais il n’y a pas disparition du parasite qui persisterait dans les colonies en même temps que le virus. Selon ces auteurs, l’association virus-Varroa pourrait être à l’origine de la mort de millions de ruches dans le monde entier dès lors que Varroa et virus aux ailes déformées sont présents simultanément.

*Stephen J. Martin et al. Science, 8 juin 2012, N° 6086, pp.1304-1306.
PS. Il n’y aura pas de billet en septembre. Bonnes vacances.


Les questions environnementales vous intéressent-elles ? Vous pouvez enrichir vos connaissances et acquérir une vision globale de ces problèmes en lisant mon dernier livre : « Environnement, l’Hypothèque Démographique ».



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire