Le bien-être animal.

Lundi 5 Juin 2023

L’animal de la ferme, considéré d’abord comme une richesse matérielle inerte qui ne perçoit ni la douleur ni l’émotion, a subi au cours du temps, selon le bon vouloir de ses propriétaires, des traitements pouvant être extrêmement dommageables. Ce n’est que récemment que la demande publique s’est émue de ces comportement et a exigé l’amélioration du bien- être animal. En 2015 la France reconnaissait l’animal comme un être vivant doué de sensibilité. L’Europe a édicté les « libertés »  qui sont dues à l’animal pour assurer son bien-être et qui sont en fait l’opposé de ce qui est source du mal être animal :

Libertés relatives à sa santé physique :

-         Satisfaction de la faim et de la soif,

-         Absence de maladies et de blessures,

Libertés relatives à sa santé morale :

-         Absence de stress et de douleur

-         Absence d’inconfort

Liberté de comportement

-         Sa vie doit se rapprocher de ce qu’elle serait en milieu naturel.

Faut-il aller plus loin ?

Des chercheurs* s’intéressent à ces questions. Ils considèrent d’abord que le comportement dans un milieu naturel est une mesure médiocre de leur bien-être. La vie dans la nature est brutale, l’animal peut-être une proie, il ne sera pas soigné s’il est malade ou blessé, sa mort peut-être une longue agonie. « La vie dans la nature ne prend pas en compte ce que l’animal désire, il reflète simplement son état momentané ». Il se cache car il sent le danger, il recherche la nourriture car il a faim, il a froid en hiver et chaud en été. Son bien être momentané est court, il essai de l’améliorer continuellement. L’analyse doit donc aller plus loin.

Si la plupart des animaux de ferme ont des comportements innés, la sélection les a rendus plus flexibles en agissant davantage vers ce qui est bon pour eux ; il ne s’agit pas de réaliser un comportement mais d’avoir une récompense ou une punition à la suite de celui-ci. L’animal peut apprendre à  utiliser des actions non naturelles pour obtenir une récompense. L’exemple intéressant qui est donné est celui de la vache qui appuyant avec son museau sur un bouton, va mettre en mouvement une brosse qui frottera son dos. L’animal ne réalise pas ici ce que pourrait être à l’état naturel le comportement inné de brossage contre un arbre ou un buisson, en fait ce qui compte pour lui c’est la récompense associée au toucher du bouton.

Connaître ce que l’animal perçoit comme récompense ou punition permet de définir ce qu’est pour lui le bien-être.  Le chercheur peut trouver ainsi des stimuli non naturels que l’animal considère comme bons ; mais aussi il peut comparer les difficultés qu’aura l’animal pour obtenir les récompenses ; enfin il peut définir des états de bien-être négatifs, ceux qui produisent douleur ou inconfort alors que l’animal est contraint de les réaliser, ceux qui anticipent la douleur, ceux qui entraînent une frustration car ne donnant pas la réponse attendue.

Le bien-être de l’animal de la ferme n’est finalement pas un retour à la vie naturelle mais une situation plus complexe où l’inné bien que présent est  nuancé par les conditions de la vie domestique.

*Maryan Stamp Dawkins, Science, 27 janvier 2023, N° 6630, pp. 326-328




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