Dimanche 5 Mai
2019
On
utilise fréquemment le terme anglais « fitness » pour qualifier des activités susceptibles d’améliorer la condition
physique des pratiquants; il est construit à partir de l’adjectif
« fit » qui signifie « capable » et du suffixe
« ness » qui traduit, en anglais, un état. La meilleure traduction
pourrait donc être « capacité » mais ce nom ne correspond pas au projet que l'on associe au terme anglais fitness. Il n’est donc pas traduit, ce qui lui garde son aura commerciale.
En
génétique des populations ou en écologie adaptative, il a une signification très
précise : c’est la contribution génétique de la descendance d’un individu aux
futures générations ou encore le nombre de descendants d’un individu qui auront
eux-mêmes des descendants participants à la génération suivante. Il ne faut pas
confondre ce terme avec fertilité, un géniteur qui a une nombreuse descendance
peut avoir une « fitness » nulle si ses descendants n’ont aucun
descendant eux-mêmes. La fitness (traduite quelquefois en français par
l’expression « valeur sélective ») n’est intéressante que si nous la
comparons à celle de la moyenne de la population à laquelle appartient
l’individu. Un individu qui a 2 descendants utiles (c’est-à-dire qui
participent à la génération suivante)
dans une population dont le nombre moyen de descendants utiles est de 4
contribuera moins à la génération suivante que l’individu qui a une fitness de
8.
La
loi de Hardy Weinberg montre que les
fréquences p et q de deux allèles d’un même gène : A1 et A2
restent invariables d’une génération à l’autre si la fitness moyenne f
(nous ne parlons plus ici d’un individu mais d’une population d’individus, il
faut donc raisonner avec des moyennes) est la
même pour chaque génotype : A1A1, A1A2
et A2A2.
Si
les fitness moyennes de A1A1, A1A2
et A2A2 soit f1,
f2, et f3 sont
de valeur décroissante (f1< f2 < f3),
on démontre que la fréquence de l’allèle A2 va décroître d’abord
rapidement, puis plus lentement, jusqu’à disparaître de la population. Si les
fitness moyennes sont de valeur croissante (f1> f2
> f3) alors la fréquence de l’allèle A2 va
croître jusqu’à devenir unique dans la population. On retrouve donc ce qu’avait
prévu Darwin : les individus d’une population qui portent un caractère
défavorable seront peu à peu éliminés de celle-ci.
On
doit à R.A. Fisher (1930) les démonstrations expliquant l’élimination d’un gène
dans une population en fonction des valeurs différentielles de sa fitness. Pour
ce chercheur seule une théorie particulaire de l’hérédité et non une dilution
des caractères d’une génération à l’autre, comme on le pensait au temps de
Darwin, peut rendre compte, de façon autonome, des mécanismes du changement
évolutif. Il liait ainsi la génétique mendélienne à la théorie de l’évolution
et consolidait puissamment la force explicative de cette dernière.
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